Introduction
Enfant de remplacement, sa vie n’a pu prendre comme greffe. Il nait pas. Il est sans existence. Juste bousculée par la vie. Malgré Lui ? Et si en fait Il avait choisi de venir sur cette terre. Choisi de s’incarner. Qui sait ? Il a tellement voulu cette mort. Ca l’a rendu plus vivant que jamais. A vouloir la mort on la fait fuir. Alors qu’on meurt d’en avoir peur. La vraie question est de vouloir vivre. Le combat est dans l’acceptation de la vie.
Vous en êtes un quand ?
D’un point de vue factuel, l’enfant de remplacement[1] est né après un frère ou une sœur qui est décédé, avec la possibilité d’autres frères et sœurs entre eux. Le plus souvent, il porte le prénom du défunt, mais pas forcément dans le prénom d’usage.
Ses parents n’ont pas fait le deuil de l’enfant défunt. Ils demandent au nouveau né de remplacer l’enfant disparu de façon inconsciente.
Deviens celui qui est dans la mémoire des parents ! Sans vouloir charger la mère, le plus souvent de façon totalement inconsciente, elle participe dans ce processus d’émergence de l’enfant de remplacement. Ce n’est pas l’enfant nouveau né qu’elle aime, mais le souvenir de l’enfant mort. Tout le lui rappelle. Qui lui en voudrait ? Elle aussi souffre de cette perte d’un enfant.
J’ai entendu dire qu’on ne pouvait se remettre du décès d’un enfant. Je crois qu’à tout moment, tout surgissement de Soi est possible et qu’à cet endroit la souffrance et la réjouissance sont une…
D’un point de vue existentiel, l’enfant de remplacement porte une immense culpabilité. Un thérapeute lui a même dit un jour qu’Il était le champion du monde de la culpabilité.
Triste record ! L’enfant de remplacement ne peut être lui, puisque ses parents, d’une façon inconsciente, lui demande précisément de remplacer l’enfant défunt. Il a une vie affective forte.
Vous connaissez tous des enfants de remplacement célèbres. Le plus connu est Salvador Dali, « sauvé » par son génie créatif. Vincent Van Gogh, peintre exceptionnel, finira par mettre fin à ces jours, après plusieurs années en institution. Ludwig Von Beethoven et ses neuf symphonies merveilleuses.
James Barry, le créateur de Peter Pan semble avoir trouvé son exutoire grâce à ce « petit » personnage qui lui a permis de ne pas grandir et de répondre à cette fidélité maternelle: rester à l’âge du frère défunt.
Camille Claudel, passera 30 années de sa vie en institution. Et tous ceux qui appartiennent au clan des inconnus.
L’enfant de remplacement souffre sa vie. Son poids est insoutenable. Il «nait » rien. Il vit une traversée du non être. Il vit dans une immense culpabilité d’être, d’être lui, d’oser vivre.
Il peut avoir le sentiment douloureux de ne jamais trouver sa place, nul part, ni dans son travail, ni dans la société et encore moins dans sa famille. Le sentiment d’être incompris le taraude. Surtout, il se sent indigne.
La Culpabilité avec un grand « C » le ronge. La dépression s’invite sur de longues périodes. L’idéation suicidaire ou la tentative de suicide, il peut connaitre. La mort le pourchasse. Elle est en lui, autour de lui. La mort est gravée sur son cœur.
Comment devenir soi, être soi dans une telle existence ?
Tout d’abord, la vie vous a été transmise. Même si vous avez le sentiment de n’avoir pas eu de fées qui ce soient penchées sur votre berceau, vous pouvez transformer votre existence.
D’abord, sentir, prendre conscience que cette lourdeur qui vous plombe n’est peut-être pas vraiment vôtre. Puis trouver une oreille qui puisse entendre votre souffrance et la reconnaitre pour ce qu’Il est.
Ensuite, le temps de la consolation et de la compréhension, des enjeux d’une telle existence est libérateur. Enfin, l’exploration et la découverte de vos ressources vous permettront de trouver votre musique personnelle.
Rien n’est jamais perdu, même si vous vous sentez perdu. Vous pouvez devenir un merveilleux chef d’orchestre de votre vie. Comme le dit Viktor Frankl, fondateur de la logothérapie, vous pouvez découvrir un sens à votre vie.
Conclusion
L’enfant de remplacement, les dés sont pipés. Être dans le non advenu. Ne pouvoir être, toujours cet interdit.
Comme si la seule possibilité d’advenir est dans la mort. Si je me tue j’adviens vraiment. Tout se rejoint donc, cette non existence ne peut s’affirmer autrement que dans la mort. C’est la dernière castration.
C’est-à-dire ne plus dépendre d’un dernier dit à un autre. L’enfant de remplacement est encore dans une dépendance qu’on lui redise l’existence qu’il n’a pas eu. Stop !
Ne plus se définir par rapport à un autre. Sortir des enfers. Sortir de la prison. C’est possible. Je suis là pour vous écouter. Je vous entends du plus profond de mon âme.
« Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort »
- Porot. « L’enfant de remplacement ». Editions Frison-Roche. Condé-sur-Noireau. 2014 ↑