Payer pour mourir : progrès ou renoncement ?


Là où la vie se tait, le silence implore encore.

Le droit de mourir n’implique pas le droit d’être tué

Il existe des propositions de lois qui, telles des lames fines, viennent trancher la trame fragile de nos humanités. Légiférer pour que la sécurité sociale, donc le contribuable, paie pour être euthanasié, tué, mort, c’est prétendre que la mort peut se monnayer comme un service, un soin, une prestation. Oui, bien sûr, chacun porte en lui le pouvoir terrible et nu de mettre fin à ses jours. Pouvoir que nul ne peut lui ôter, tragique liberté de l’être humain confronté au désespoir. Mais de là à déléguer cet acte à un tiers rémunéré, il y a un gouffre où l’on devine l’effacement furtif de la conscience, de la responsabilité qui s’offre encore à une dernière interrogation. Frankl nous rappelle que l’homme est le refus même de se réduire. Et même aux portes de l’invivable, il demeure en lui une braise de sens, parfois minuscule, parfois invisible, mais jamais absente. Ce n’est pas juger ceux qui tombent sous le poids du désespoir que de rappeler cela. C’est au contraire leur rendre hommage, en refusant qu’un marché, si lisse, si poli, si propre, se glisse là où devrait se tenir l’effroi sacré, l’accompagnement, le soin, la parole, l’étreinte du monde avec l’être souffrant.

Quand la mort devient service, le lien se retire

Car il y a dans l’idée de payer pour mourir une désespérante défaite du lien. Ce n’est plus l’homme qui, dans un sursaut, choisit sa nuit, c’est une procédure, une mécanique, une gestion du départ. Et dans cette mécanique, que devient l’instant fragile où quelqu’un, peut-être, pourrait encore dire : « Je t’écoute. Parlons. Souffle. Je suis là. » La Logothérapie ne promet pas un miracle. Elle offre l’espace où l’on peut encore, jusqu’au dernier souffle, se tourner vers un sens qui attend son heure. La souffrance humaine n’est pas une marchandise, la mort pas un service, la détresse pas un devis. Laisser à l’être humain la funeste liberté de s’abolir, oui. Chacun peut se suicider. Quant à inclure chaque citoyen à participer à cet acte par sa contribution, non. Car au moment où nous consentons à acheter la mort, quelque chose de vivant, de secret, de sacré s’effondre en nous. Et la civilisation s’en retourne sur ses pas, orpheline de son cœur.

« L’homme n’est pas détruit par la souffrance, mais par l’absence de sens » Frankl


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Derniers articles

Payer pour mourir : progrès ou renoncement ?

07 Nov 2025

Là où la vie se tait, le silence implore encore.

Rien ne va plus ! Et pourtant j’ai tout pour être heureux.se

27 Oct 2025

"Le malheur n’est pas de manquer, mais de ne pas se connaître." Sénèque 
...

« Le spirituel frappe-t-il déjà à votre porte ? »

10 Oct 2025

« Une seule étincelle de lumière divine suffit à illuminer les ténèbres de l’âme. » (Maître Eckhart)
Il existe six portes pour entrer possiblement dans le my...

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo Simplébo   |   Site partenaire de Annuaire Thérapeutes

Connexion